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L'envers de l'Histoire
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4 mai 2007

Marie-Thérèse d'Autriche, la reine effacée

Le 20 septembre 1638, la reine d’Espagne Elisabeth de France met au monde son neuvième enfant, une fille prénomméeMarie_Therese Marie-Thérèse. Fille du roi Philippe IV, la jeune Marie-Thérèse reçoit une éducation stricte à la cour de Madrid. La princesse a 6 ans lorsque sa mère meurt durant son dernier accouchement en octobre 1644. Sur les treize enfants qu’Elisabeth avait mis au monde, Marie-Thérèse est la seule fille qui survit. Son frère aîné Balthazar-Charles est également le seul fils survivant. En 1646, la petite infante d’Espagne perd son frère, emporté par l’appendicite à l’âge de 16 ans. Toutes ces décès marquent Marie-Thérèse qui a du mal à se relever. En 1649, son père Philippe IV se remarie avec la fiancée de Balthazar-Charles, la jeune Marie-Anne de Habsbourg qui sera pour Marie-Thérèse plus une sœur qu’une mère étant donné qu’il n’y a que quatre ans d’écart entre la nouvelle reine et la princesse. L’Espagne est en guerre depuis des années avec la France et l’infante a toujours eu à l’esprit un mariage avec son cousin Louis XIV. En 1659, le traité des Pyrénées met fin au conflit entre les deux pays. Marie-Thérèse devint un gage de paix et épouse comme elle l’avait toujours su, le roi de France le 9 juin 1660 à Saint-Jean de Luz. Avant de quitter son pays, Marie-Thérèse doit renoncer officiellement au trône d’Espagne. Cela ne pose pas de problèmes à Philippe IV à qui la jeune Marie-Anne a donné un fils en 1657. La dote de la jeune mariée est importante et l’Espagne ne peut la régler entièrement à cause du manque d’argent causé par la guerre. Arrivée en France, Marie-Thérèse n’est pas à la hauteur des espérances. D’abord, elle n’est point belle, seulement charmante et timide. Cette timidité se retourne contre elle : Marie-Thérèse se referme sur elle et ne joue pas son rôle de reine. L’épouse de Louis XIV ne parle pas un mot de français et ne semble pas décidée à apprendre la  langue de son pays d’adoption. A la fin de sa vie, elle ne comprendra encore qu’un mot sur quatre ! Suivre une conversation ou animer une petite cour lui sera toujours impossible.  Le 1er novembre 1661, la nouvelle reine de France met au monde un premier enfant, un dauphin prénommé Louis comme le roi. Ce même jour, Philippe, fils unique du roi Philippe IV, meurt à l’âge de 4 ans. Comme ceux d’Elisabeth de France, les enfants de la reine Marie-Anne de Habsbourg ne vivent pas. Cependant, le 6 novembre, la reine d’Espagne donne un nouveau fils à Philippe IV, le futur Charles II. En France, Louis XIV commence à se lasser de son épouse qui est sans cesse en train de jouer avec ses nains, bavarder avec ses femmes de chambres Marie_Therese_et_le_dauphinespagnoles et de boire du chocolat. En fait, Marie-Thérèse s’ennuie de Madrid. A la cour, la place de la reine est donc tenue par la belle-sœur du roi, la duchesse d’Orléans à qui Louis fait les yeux doux, ce qui attriste la pauvre Marie-Thérèse qui se réfugie chez la reine-mère Anne d’Autriche qui est également sa tante car sœur de Philippe IV. Le 17 septembre 1665, le roi d’Espagne meurt. La dote de Marie-Thérèse n’a pas été versée entièrement et, selon une close du contrat de mariage de l’Infante, la reine de France n’avait renoncé au trône d’Espagne que si sa dote était intégralement payée. Or ce n’est pas le cas : commence la guerre de Dévolution à la grande peine de Marie-Thérèse et d’Anne d’Autriche. Celle-ci meurt le 20 janvier 1666, privant Marie-Thérèse de son appuie à la cour. La guerre contre l’Espagne a fait gagner à la France de nombreux territoires avec le traité d’Aix-la-Chapelle. Après la mort de sa mère, Louis XIV impose à son épouse de vivre avec ses maîtresses : Louise de la Vallière, Françoise-Athénaïs de Montespan, Marie-Angélique de Fontanges….Marie-Thérèse se réfugie dans la prière sans se plaindre car elle aime son époux et endure ses infidélités soumise et résignée. Jusqu’à sa mort, Marie-Thérèse restera amoureuse de Louis XIV. Elle est d’autant plus malheureuse que ses enfants ne vivent pas : après le dauphin, la reine aura encore cinq enfants qui moururent tous en bas âge, victimes de la consanguinité :

- Anne-Elisabeth (1662-1662)

- Marie-Anne (1664-1664)

- Marie-Thérèse (1667-1672)

-Philippe (1668-1671) duc d’Anjou

-Louis-François (1672-1672) duc d’Anjou

Après l’affaire des Poisons (1678-1682) qui entraîne la disgrâce de la marquise de Montespan, le roi se rapproche deMarie_Therese_d_Autriche son épouse sur les bons conseils de Mme de Maintenon. Marie-Thérèse est ravie de ce changement de situation mais n’en profitera pas longtemps : revenant d’un voyage en Bourgogne, elle tombe malade et un abcès sous l’un de ses bras est mal soigné. Marie-Thérèse meurt le 30 juillet 1683 après avoir dit « depuis que je suis mariée, je n’ai eu qu’un seul jour de bonheur ». On ne sera jamais de quel jour il s’agissait. Louis XIV déclarera « c’est le premier chagrin qu’elle me cause ». Ainsi disparaissait une reine bonne mais qui passa inaperçu et qui ne joua aucun rôle politique.

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Commentaires
L
Pauvre reine. Elle a toujours supporté et enduré les putains de son mari sauf Mlle de La Vallière qu'elle avait haïe et regrettée après son départ. Elle a eu tort de faire confiance à cette peste de Montespan qu'elle a haïe peu de temps après.
A
Malgré toute la compassion que je porte à cette reine douce et effacée dont les seuls défauts étaient de ne pas être assez jolie et timide, je ne pense pas qu'il serait souhaitable d'avoir une première dame de France avec ce caractère... N'est-ce pas mieux d'être représentée par une femme jolie, intelligente et charmante ? Après ce n'est qu'un simple avis...
E
Un roi pour le peuple
G
N'aimerions-nous pas une reine, oh pardon une première dame de France aussi effacée que le fut Marie Thérèse? Cela nous reposerait un peu.
C
Très bonne notice sur cette pauvre Marie-Thérèse qui, tu l'as justement fait remarqué, a enduré bien des tourments et avalé nombre de couleuvres durant ses 23 années dans cette cour de France qui ne l'a jamais réellement acceptée, et qu'elle ne comprenait pas non plus. Une fois n'est pas coutume, je viens ajouter mon grain de sel à cette cuisine royale pour préciser qu'il ne s'agit pas de chicorée dont la reine était folle, mais de chocolat, ce bon chocolat chaud bien épais comme seul l'Espagne sait le faire, encore aujourd'hui, accompagné de churros, au retour des virées nocturnes ou, à l'époque de Marie-Thérèse, lorsque que l'on faisait "medianoche", littéralement "minuit", petit goûter au beau milieu de la nuit versaillaise. Les mémorialistes affirment d'ailleurs que la reine se gavait tellement de chocolat qu'elle avait toutes les dents pourries... Néanmoins, étant donné ce que l'on sait de l'hygiène buccale du XVIIe, il n'était de toutes façons pas besoin de s'empiffrer de sucre pour avoir les dents cariées!
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