Robert II s'oppose au Pape par amour
Pour des raisons purement politiques, Robert, fils unique d’Hugues Ier Capet, est marié à Rosala de Provence. Celle-ci est la fille du roi d’Italie Béranger II et veuve du comte des Flandres Arnould II. Née vers 950, Rosala avait contracté ce mariage vers 966 et avait donné à son époux des enfants avant que ce dernier ne meurt en 988. Agée d’environ 50 ans, Rosala envisage de finir sa vie dans un couvent mais le roi de France Hugues Ier lui propose son héritier la même année. Rosala qui pourrait être la mère de Robert (né en 972) l’épouse donc en apportant en dot Montreuil et la province de Ponthieu. Les deux époux ne s’entendent pas et à son âge, il semble difficile à Rosala de donner un héritier à son époux. Au bout d’un an de mariage, Robert répudie sa femme pour cause se stérilité tout en gardant sa dot. Robert s’éprend ensuite de Berthe de Bourgogne, fille du roi de Bourgogne Conrad le Pacifique et de Matilde –fille du roi Carolingien Louis IV. Bien que Berthe soit de haut lignage, elle est mariée au comte de Blois Eudes dont elle a plusieurs enfants. Jeune (née vers 964) et belle, Berthe charme le fils du roi de France. Voici qu’en 996, Hugues Ier s’éteint ainsi que le comte de Blois. Bien que la mère de Robert II -Adélaïde d’Aquitaine- s’oppose à l’union, le roi épouse Berthe la même année. Cependant, le pape Grégoire V ordonne l’annulation du mariage et pour cause : Robert et Berthe sont cousins au troisième degré et le roi est le parrain d’un de ses enfants. A cette époque, pour raisons stratégiques les familles royales se mariaient entre cousins. L’Eglise interdit alors les unions jusqu’au septième degré de parenté. L’union du roi de France est jugée sacrilège et incestueuse. A vrai dire, Robert II avait obtenu l’accord d’évêques pour son union avec sa parente mais le pape était vexé de ne point avoir été consulté et de plus s’opposé à l’étendu de la puissance Capétienne. Robert II, refusant de se séparer de son épouse, le pape excommunie le couple après décision du concile réuni à Pavie. Commence alors pour Robert II une lutte de quatre années avec l’Eglise car le roi de France ne tient pas à se soumettre. Durant tout ce temps, on fuit le roi et la reine comme des pestiférés. Les serviteurs qui leur sont restés fidèles évitent tout contact direct avec eux, cassent leur vaisselle une fois que le repas est terminé et jettent les restes aux chiens plutôt que de les garder pour eux. En 999, les terres royales sont frappées par l’interdit : les sacrements se sont plus délivrés au peuple. Robert II est sous pression. Son conflit personnel avec la papauté a de graves conséquences sur son royaume : excommunié, il perd de sa puissance et ses sujets manifestent leur mécontentement face à l’interdit. Cette même année, Grégoire V meurt et est remplacé par Sylvestre II à qui le roi de France fait entendre sa cause. Le nouveau pape qui a été l’un des précepteurs de Robert décide d’alléger la peine du roi : il transforme l’excommunication en interdit de sept années dans le royaume mais propose également au roi de renvoyer son épouse. Après cinq ans de mariage, Berthe n’a toujours pas donné d’enfant au roi. Pourtant, la reine a déjà prouvé sa fécondité lors de son premier mariage. Serait-ce un signe du destin ? Des sources parlent pourtant d’une fille morte à la naissance en 997 puis plus rien. D’autres évoquent la naissance d’un enfant « débile » naît avec « des pattes d’oie à la place des pieds et la tête d’un oison ». La naissance de ce « monstre » aurait éteint à jamais la flamme amoureuse de Robert II pour son épouse. Il est plus raisonnable de penser que Berthe ait fait une fausse-couche d’où la description assez étrange de l’enfant qu’elle a dû perdre avant qu’il ne soit tout à fait formé. C’est juste après cet événement que Robert II se sépare de sa femme en 1001. Le roi a certainement était influencé par le pape et par le désir d’avoir un fils que Berthe ne pouvait pas lui donner. Pourtant, le conflit avec la papauté n’est pas terminé. Si l’union du roi est annulée, Berthe reste à la cour et Rosala n’est pas rappelée. Cette dernière, officiellement reine, meurt en 1003. Robert II épouse alors Constance d’Arles née vers 984, de grande beauté. Elle apporte en dot la Provence qui agrandit encore le royaume de France. La nouvelle reine donne au roi plusieurs enfants dont le futur Henri Ier. Mais Robert II se plaint de cette épouse : il apparaît vite que Constance est hautaine, autoritaire, avare et qu’elle empoisonne la vie du roi par des intrigues et son mauvais caractère. Elle tente en autre de transmettre la couronne à son troisième fils Robert plutôt qu’à l’aîné. Robert II qui est, malgré ses oppositions avec la papauté un roi pieux, doit se cacher pour faire la charité aux pauvres. En 1010, Robert part pour Rome accompagné de Berthe pour faire annuler sa troisième union. Le pape s’y refuse et Berthe qui espérait récupérer sa place doit s’incliner. Elle reste néanmoins auprès du roi jusqu’à sa mort vers 1024. Robert II doit lutter durant ses dernières années de règne contre ses fils qui, montés par leur mère, cherchent à prendre le pouvoir. Robert II meurt en 1031, Constance d’Arles le suit dans la mort l’année suivante. Si durant toute sa vie, Robert a été en conflit avec Rome sur ses mariages, il reste un roi très pieux : il a soutenu les tentatives de l’Eglise pour mettre en place la Paix de Dieu, défendu la réforme de l’ordre des moines de Clugny, puni les hérétiques et fut le premier roi de France à toucher les écrouelles.