Le massacre de la Saint-Barthelemy
Ce tableau du massacre de la Saint Barthelemy fut réalisé entre 1576 et 1584 par François Dubois (1529-1584), rescapé de la tuerie alors que toute sa famille de confession huguenote s’est fait assassiner par les catholiques. Il souhaitait que son tableau reflète la réalité du massacre à travers les vêtements. Ainsi, les catholiques sont représentés en rouge et les protestants en noir ou en chemise de nuit. Dubois a surement voulu afficher ici l’esprit qu’avaient les catholiques : les protestants en noirs symbolisent les démons à tuer et les catholiques en rouge sont les bourreaux, ceux qui versent le sang impure des huguenots.
Le sang est partout sur le tableau même à des endroits vides : on peut observer certaines taches de sang sans qu’il y ait de victimes à côté. Les chiens, présents dans le tableau représentent à la fois la fidélité et la violence qu’ils peuvent montrer envers leurs ennemis. L’assassinat de Gaspard de Coligny est ici fort bien représenté : on voit son corps à la fenêtre de sa demeure puis en bas de celle-ci, l’image du corps de l’amiral qui est émasculé. Les restes sont ensuite jetés à la Seine comme si il s’agissait de détritus. Ce qu’on retrouvera sera pendu au gibet de Montfaucon (en haut à l’extrême droite du tableau). Le Louvres (au fond au centre) conserve son aspect médiéval. La porte de Saint-Honoré est fermé par une porte de bois (porte Lucy) avec des soldats : il n 'y a aucun point de fuite, on ne ressort du tableau que mort.
François Dubois utilise le système du collage pour donner une vision totale de Paris et de l’horreur de la Saint-Barthélemy dans l’ensemble de la capitale française. On a une impression de chaos, sans grands axes de direction de la part de Dubois, pas de parallélisme, des couleurs diverses et des lances partants dans tous les sens.
Le massacre n’épargne personne : Dubois nous montre des vieillards, des femmes, des enfants morts, des bébés sortis du ventre de leur mère. On remarque même deux enfants (probablement catholiques) qui traînent un nourrisson au bout d’une corde vers la Seine.
Sur un toit, un homme cherche une échappatoire à cette tuerie mais semble déjà condamné. Prés du Louvres, on remarque Catherine de Médicis dans sa robe noire ayant massacré en masse des protestants. Si la reine-mère n’a pas participé physiquement à la tuerie, François Dubois veut souligner son poids de responsabilité dans ce massacre. A la fenêtre droite du Louvre, Dubois a pu vouloir représenter le roi Charles IX tirant sur des huguenots.
Le sable qui sert de support ne semble pas pouvoir aspirer tout le sang rependu d’où les traces de sang sans personne. Dubois donne l’impression que le sang sort du tableau : c’est une vision de « vrai sang » que nous percevons.
La scène, vécue par François Dubois, s’inscrit dans une violence frénétique (massacre) mais également une violence dite « purificatrice » et universelle. Dans un contexte de tension, de foi contre foi, Dubois peint le martyr de tous les protestants et la vision de deux camps irréconciliables.
Tous les détails de cette terrible nuit de la Saint-Barthélemy se trouvent dans cette œuvre : les femmes transpercées, les pillages, l’assassinat de Coligny….pour nous donner une véritable vision de ce massacre.
Cliquez sur la dernière image et vous verrez un agrandi de la partie gauche du tableau :